Au moyen âge, en dehors des monastères, les lapins : « connins » ou « counils » sont maintenus dans des espaces plus ou moins clos et plus ou moins étendus, réservés à la chasse : les varennes ou garennes (du latin médiéval warenna, dérivé du germain wardôn = garder).
La possession d’une garenne est un droit féodal (ban de garenne = territoire interdit à la chasse pour les tenanciers ou habitants, celle-ci étant réservée au seigneur).
Modèle des seigneurs de cette période, Gaston Phébus, Comte de Foix et seigneur du Béarn, décrit dans son « Livre de la chasse » comment chasser le lapin et ses vertus culinaires. Véritable encyclopédie de la nature, son œuvre reste inégalée encore aujourd’hui et nous enseigne sur bien des points les conditions de vie dans les campagnes.
Les serfs et les vilains, affamés par les rivalités entre seigneurs et l’interminable guerre de 100 ans, voyaient en ces garennes une possibilité de se fournir en viande, précieuse et rare. Disposant d’un outillage réduit, ils utilisaient des collets ou des bourses dans les coulées proches des terriers creusés par les lapines pour mettre bas : la rabouillère (de rabotte, mot d’origine néerlandaise signifiant lapin).
Las de ces braconnages, Phébus, fonda pour protéger son bien et son intérêt, une milice : « l’ordre des Maistres Conins ». Nantis du privilège de prélever une partie du gibier proportionnellement présent en guise de récompense et fort érudits dans le domaine de la chasse et de la nature, ce corps de gardes du Béarn sut, au fil des ans, gérer et faire fructifier les garennes avec grande habileté. Soucieux de conserver leur privilège, cette milice devint rapidement une corporation qui n’admit dans ses rangs seulement les individus possédant les connaissances indispensables pour accomplir leur travail de développement de ce type d’élevage et les valeurs morales nécessaires pour défendre le lapin, parfois au péril de leur vie.
Ces gardes ont largement contribué au développement de l’élevage du lapin mais en raison des dégâts causés par la multiplication des garennes, le pouvoir royal limita leur extension (ordonnance de Jean Le Bon en 1355 et de Charles VI, 1413). Toutefois, une ordonnance de Colbert en 1669 confirma ce droit seigneurial qui confortera le pouvoir de ces corps de police supplétifs pour protéger le lapin de ses prédateurs.
En, 1789, toutes les corporations furent dissoutes et les garennes furent supprimées par l’annulation de l’ordonnance de Colbert. Cela n’empêcha pas le lapin de proliférer et de courir …. Promu gibier de tir sous Napoléon III, la chasse aux lapins se popularise grâce aux écrivains comme A. Daudet. L’ordonnance de la Werchmart concernant la réglementation de la chasse (1940) autorisera même, en raison de sa prolifération, les autorités françaises à chasser le lapin au fusil sur une partie des territoires occupés,.
Au cours de l’été 1952, les services vétérinaires furent alertés par une maladie nouvelle frappant les lapins : la myxomatose avait fait son apparition. C’était il y a plus de 50 ans et il a fallu tout le savoir des amoureux du lapin et de ses inconditionnels pour le protéger, afin qu’il ne disparaisse à tout jamais.
Animé des mêmes intentions en 1997, un petit groupe de passionnés issus de différents milieux, décidèrent à Codognan, ville dont l’emblème est le lapin, de conforter la pérennité de la cuniculture et de tout mettre en œuvre pour que cet animal emblématique occupe enfin la place qui lui sied.